
TikTok, réseau social aux centaines de millions d’utilisateurs, est dans la ligne de mire des autorités françaises. Un rapport parlementaire, fruit de six mois d’enquête, recommande des mesures sans précédent : interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, instaurer un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans et saisir la justice pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

Paris, 12 septembre 2025. – La commission d’enquête, présidée par les députés Laure Miller (Renaissance) et Arthur Delaporte (PS), a auditionné experts, psychologues, influenceurs et familles de victimes.
Le rapport dénonce l’exposition des adolescents à des contenus nocifs (automutilation, incitation au suicide, désinformation médicale, hypersexualisation) et accuse TikTok de jouer un rôle central dans la propagation de ce qu’il qualifie de « poison numérique ».
Les rapporteurs estiment que l’application chinoise a manqué de transparence lors de ses auditions et ont saisi le parquet pour des faits potentiels de parjure et de mise en danger.
Des mesures inédites envisagées
Parmi les recommandations figurent : interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans, sauf usage de messagerie ; instaurer un couvre-feu numérique entre 10 heures du soir et 8 heures du matin pour les 15-18 ans, créer un délit de négligence numérique, engageant la responsabilité parentale en cas de manquements, renforcer les sanctions contre les plateformes ne respectant pas le Digital Services Act (DSA), règlement européen sur les services numériques.
Arthur Delaporte, président de la commission, a souligné que « la justice réparatrice n’est pas un luxe mais une nécessité », appelant à une mobilisation politique forte.
Si le bannissement pur et simple de TikTok n’est pas encore acté, ces recommandations traduisent une volonté de reprendre le contrôle face aux géants numériques.
Elles s’inscrivent dans une dynamique internationale : plusieurs pays, dont les États-Unis et le Canada, ont déjà restreint l’usage de TikTok dans leurs administrations pour des raisons de sécurité.
En France, l’application est déjà interdite sur les téléphones professionnels des fonctionnaires depuis 2023. Mais cette fois, l’enjeu dépasse la cybersécurité pour toucher au bien-être psychologique et social des jeunes générations.
En attente d’une décision gouvernementale
Le rapport de la commission sera désormais examiné par le gouvernement et les assemblées. Son adoption marquerait un tournant décisif dans la régulation des réseaux sociaux.
En toile de fond, c’est aussi la question de la souveraineté numérique qui se pose : comment un État peut-il protéger ses citoyens, notamment les plus jeunes, face à des plateformes globales dont l’influence dépasse les frontières et les législations nationales ?