
Le climat de violence en Haïti a franchi un nouveau seuil de brutalité. Le Collectif Défenseurs Plus tire la sonnette d’alarme après le massacre survenu le 11 septembre 2025 à Labodrie, une localité de la commune de Cabaret. Au moins 42 personnes y ont été exécutées, selon l’Associated Press, en représailles à la mort du chef de gang surnommé « Vlad ». Ce dernier a été tué quelques jours plus tôt lors d’un affrontement avec la police. Les assaillants ont, dans la foulée, incendié des maisons et détruit des biens, plongeant les habitants dans un climat de terreur.

Port-au-Prince, 12 septembre 2025. – Dans son communiqué, Défenseurs Plus fustige des « exécutions barbares commises sans discernement », tolérées par une indifférence coupable des autorités. Le collectif y voit la manifestation d’un cycle infernal de vengeance qui s’enracine dans l’absence de l’État.
Les chiffres confirment cette détérioration. Selon un rapport de l’ONU, plus de 4 800 personnes ont été tuées en Haïti entre octobre 2024 et juin 2025, soit un record macabre qui place le pays parmi les zones les plus meurtrières du monde. Dans le même temps, 1,3 million de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer à cause des violences, un niveau sans précédent qui représente 11 % de la population nationale.
La tragédie de Cabaret illustre une réalité plus vaste. Dans l’Artibonite, région stratégique pour les voies de communication et la production agricole, les gangs intensifient leurs attaques et provoquent l’exode massif des habitants : on y recense plus de 92 000 déplacés. Dans le Centre, notamment à Mirebalais et Saut-d’Eau, le nombre de déplacés internes a bondi de 118 % depuis janvier 2025, selon des données compilées par l’ONU.
À Port-au-Prince, épicentre de la terreur, les enlèvements, les séquestrations contre rançon et les exécutions sommaires rythment le quotidien des habitants. Des pans entiers de la capitale échappent à l’autorité de l’État, limitant l’accès à la santé, à l’éducation et aux transports.
Un appel pressant à l’État et à la communauté internationale
Face à ce tableau dramatique, Défenseurs Plus appelle le gouvernement intérimaire à prendre ses responsabilités. Le collectif exige : des mesures de protection immédiates pour réprimer les groupes armés ; le renforcement des capacités opérationnelles de la Police nationale et des Forces armées d’Haïti ; une assistance humanitaire et psychosociale d’urgence pour les victimes, incluant soins médicaux et soutien psychologique.
L’organisation exhorte également la communauté internationale à agir : soutien logistique et financier pour sécuriser les zones affectées, pressions diplomatiques pour contraindre les autorités à agir, et mise en place de mécanismes d’enquête et de sanctions ciblées pour rompre le cercle de l’impunité.
« Le silence est une complicité »
« La tragédie de Labodrie illustre une violence nourrie par l’impunité et l’absence de l’État », dénonce le Collectif. Selon lui, seule une réponse nationale et internationale urgente et coordonnée peut endiguer la spirale meurtrière.
Dans un pays où la société civile multiplie les cris d’alarme et où les familles pleurent chaque semaine de nouvelles victimes, l’inaction des autorités ne fait qu’accentuer le sentiment d’abandon. « Face à ces crimes, le silence est inacceptable », conclut le communiqué.