
L’appel lancé par Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », chef de la coalition criminelle Viv Ansanm, invitant les déplacés de Delmas, Nazon et Solino à regagner leurs domiciles, suscite autant d’espoir que de méfiance. Présentée comme une promesse de paix, cette initiative soulève des interrogations sur ses véritables motivations.

Des quartiers en ruines
Port-au-Prince, 27 août 2025. – Les premières vidéos circulant sur les réseaux sociaux révèlent un tableau désolant : maisons incendiées, rues désertées, infrastructures détruites, intérieurs saccagés. « Tout a été volé, même les portes », témoigne un ancien résident de Solino. Portes arrachées, fenêtres détruites, céramiques brisées, murs calcinés… le constat est accablant.
Un appel jugé démagogique
Du côté de la Police nationale, le Syndicat (SPNH-17) dénonce une opération de communication visant à manipuler l’opinion. Selon eux, les gangs tentent de redorer leur image tout en maintenant leur emprise sur les territoires. « Ce n’est pas un retour à la paix, c’est une manœuvre démagogique », martèle le syndicat.
Entre espoir et incertitude
Malgré ces mises en garde, plusieurs déplacés ont manifesté pacifiquement pour réclamer leur droit au retour. Leur slogan – « Yon ti chans, geto yo vle reviv » – traduit la volonté de revivre dans la dignité. Mais faute de garanties de sécurité et d’accompagnement de l’État, le retour reste incertain et potentiellement dangereux.
Une paix précaire
Des précédents alimentent la méfiance. À Carrefour-Feuilles, les gangs avaient eux aussi autorisé le retour des habitants, avant de les expulser à nouveau un mois plus tard. Pour beaucoup, la « paix » promise à Delmas, Nazon et Solino pourrait connaître le même sort.
L’État absent, les gangs décident
Ce dossier illustre la fragilité du pouvoir étatique. Dans plusieurs zones comme Croix-des-Bouquets, Mariani, Cité Soleil ou encore Cité Militaire, ce sont les groupes armés qui fixent les règles, imposent leur loi, tuent et déplacent sans crainte de représailles.
Sous le silence des autorités, les déplacés demeurent pris au piège : des brebis au milieu des loups. La véritable paix, rappellent des observateurs, ne peut venir de ceux qui ont semé la terreur. Elle ne peut s’établir que sur la justice, la sécurité et la reconstruction durable.